DE 1945 À NOS JOURSRetour au sommaireL'APRÈS-GUERRELes Allemands partis, Fontaine-l’Évêque continua d'héberger, pendant deux ans, des troupes américaines ; elles étaient logées dans la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville et occupaient les Usines Dercq et de la Fontainoise. Elles y réparaient le matériel nécessaire aux troupes pour la suite de la guerre. Des liens d’amitié se créèrent entre la population et les libérateurs, plusieurs mariages concrétisèrent cette fraternité. LA VIE COMMUNALEDès la capitulation allemande, le Grand Charleroi fut mis en liquidation ; chaque commune reprit son indépendance et retrouva son Conseil communal. La première tâche du pouvoir local fut de remettre la ville en état. L’occupation avait fait du parc un véritable chantier : les matériaux qui l'encombraient furent enlevés, le parc redessiné et des plantations y furent faites. La voirie, elle aussi, avait fortement souffert d'un manque d'entretien, d'un important charroi, allemand d'abord, américain ensuite. Toutes 1es rues, tour à tour, furent réparées ; en quelques années, le réseau routiers fontainois avait repris belle allure. Le 11 janvier 1948, après un bal, un incendie se déclara dans la salle de fêtes et la consuma entièrement ; seuls les murs restèrent debout. La reconstruction de cet édifice eut lieu en 1952 ; on en profita pour moderniser, notamment par l'agrandissement de la buvette et la suppression des balcons de côté. La salle des Fêtes aujourd'hui En 1954, la ville employa les chômeurs pour assainir et niveler le terrain d'épandage d'immondices situé à la rue de la Station ; elle y ouvrit une plaine de jeux par l'installation d'une série de pavillons disséminés dans la verdure. Cette plaine est accessible durant les grandes vacances ; elle reçoit plus de trois cents garçons et filles. En 1955, les bâtiments vétustes de l'école primaire pour filles de la rue P. Pastur furent abattus et remplacés par un établissement moderne. L’inauguration fut faite en 1957 par le Ministre de l'Instruction publique, Léo Collard, qui donna son nom à l'école. Les cours ménagers et de coupe, logés également dans le bâtiment, se transformèrent en 1957, sous la direction de Mademoiselle F. Gusbin, en atelier d'apprentissage, en 1963 en École professionnelle et finalement en 1964, en Institut communal pour Jeunes Filles ; il compte aujourd'hui 175 élèves de 13 à 18 ans. L’école primaire Léo Collard a une population de 427 unités. Toujours en 1955, fut construit dans le parc communal un monument destiné à commémorer le sacrifice des Combattants des Guerres 1914-1918 et 1940-1945. Cet édifice de dix mètres de côté est orné de quatre statues de pierre symbolisant le Combattant, le Prisonnier, le Résistant et le Déporté ; la partie centrale est formée par une fontaine et un jet d’eau. L'illumination du parc met en valeur ce monument dont l'inauguration eut lieu le 19 juin 1955 en présence du général Gierts, représentant le Roi, de Monsieur Lohest, Président national des Anciens Combattants, du Député G. Hoyaux, prisonnier politique et des autorités locales. Le monument aux morts... saccagé par des vandales Le même jour eut lieu une remise de décorations aux résistants fontainois. En 1955, fut encore célébrée la naissance des Géants locaux : el' pètit Paul, cloutier fontainois et Rita, la hiercheuse. La ville profita de ces festivités pour inaugurer la ligne d’autobus Charleroi-Piéton, établie à sa demande. Après ces naissances, le Svndicat d’Initiative, créé par le Bourgmestre avec la collaboration des commerçants locaux, procéda en 1957 au baptême des deux nouveaux géants : Wauthier Ier, seigneur de Fontaine et son épouse Béatrix. Monsieur Albert Frère en fut le parrain, Madame F. Lambin, la marraine. Un grand cortège folklorique parcourut la ville avec la participation de toutes les corporations communales. En mai 1958, la ville de Fontaine-l’Évêque inaugura dans le parc communal un pavillon pour les pensionnés et, au Nouveau Philippe, une aubette pour les voyageurs. En 1960, elle acheta un vaste bâtiment situé rue du Château pour y donner des cours d'éducation physique aux élèves des écoles communales ; en 1967, cette salle fut transformée et pourvue de douches. En mai 1960, le parc communal s'orna d'une statue de cuivre due au sculpteur Ghysels et représentant « La Mère et l'Enfant »; cette Oeuvre qui fut exposée à l'exposition de Bruxelles de 1958, reste la propriété du Ministère de l'Éducation nationale et de la Culture. Les 25 et 26 juin 1960 furent célébrées les « Journées Louis Delattre » à l'occasion du 90e anniversaire de cet écrivain local ; la ville fit édifier sur la place Frère Orban, une fontaine en l'honneur du disparu ; une plaque commémorative fut scellée sur la façade de sa maison natale, dans la grand-rue. Des discours furent prononcés par Monsieur le Bourgmestre et par Monsieur Marcel Thiry, de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises. Une exposition de souvenirs de l’écrivain fut ouverte par la veuve de ce grand Fontainois. En 1961 et 1962, la ville modernisa son éclairage public par l'installation de tubes au néon, dans toutes les rues de la cité. En 1962, fut acquise la propriété de Monsieur Marcq situe au Quartier Latin (Nouveau Philippe) ; elle fut transformée en Maison communale de la Jeunesse. En 1964, en vue d'améliorer la distribution d'eau potable aux habitants, un château d'eau fut élevé au pied de la Côte du Berger. Le centre de la ville étant construit sur la Babelonne, régulièrement les inondations endommageaient les bâtiments de la grand-rue et causaient de grands préjudices à ses habitants. En 1965, l'administration communale apporta une solution à ce problème qui durait depuis des siècles. Elle fit voûter la Babelonne dans son parcours à travers le parc du Château afin d’empêcher son obstruction par des corps étrangers. De plus, elle diminua le nombre de mètres cubes s'engouffrant sous la grand-rue par temps d'orage, par la création d'un égout reprenant les eaux de pluie des rues J. Despy et de la Bouverie et les conduisant directement dans le domaine du Château. Enfin, la ville de Fontaine-l’Évêque s'attacha à mettre en valeur le patrimoine historique par la restauration de son château datant du XIIIe siècle ; l'inauguration de celui-ci en hôtel de ville et en musée aura lieu en 1968. En cette même année 1968, sera célébré le XIe Centenaire officiel de la ville ; de nombreuses festivités s'y dérouleront et notamment le jumelage de la cité avec la ville française de Lillers dans le Pas-de-Calais. LA VIE ÉCONOMIQUELa seule carrière encore en exploitation allait connaître, après la 1ibération, un important développement grâce à la compétence de ses propriétaires, les frères Stenuick. En 1950, M. André Stenuick mit au point une foreuse à grande profondeur dont le brevet réside principalement en ce que le marteau pneumatique dont elle est équipée, pénètre dans le trou. Ce système qui est, à l'heure actuelle, universellement connu, révolutionna la technique du forage des tirs. L'ancien atelier de la carrière pour la réparation et l'entretien de l'outillage étendit ainsi son activité à la fabrication de foreuses à grande profondeur pour les carrières, mines, tunnels, barrages. De nouveaux ateliers furent construits le long de l'avenue des Déportés et l’entreprise est, aujourd'hui, en plein essor. Dans toutes les parties du monde, des milliers de clients utilisent le matériel Stenuick à leur entière satisfaction. En clouteries, une grande transformation allait également s’opérer. Dans l'entre-deux-guerres s'était créé un comptoir de vente unique groupant, au début, toutes les usines de l'Europe occidentale et, ensuite, les usines belges exclusivement. La fin du deuxième conflit mondial vit la dissolution du comptoir de vente. Livrées à elles mêmes et fortement concurrencées, les clouteries fontainoises étaient arrivées à un taux de production fort bas. Heureusement, en 1953, « La Fontainoise » et les « Usines Dercq » furent absorbées par les « Forges de la Providence » à Marchienne-au-Pont et formèrent la division « tréfilerie ». A l'époque de leur reprise, ces usines étaient dans une situation inquiétante ; trois ans après l'absorption, leur production avait plus que doublé : « La Fontainoise » produit le fil, les « Usines Dercq » le transforment. Cette division tréfilerie des « Forges de la Providence » présentait en 1956, un programme complet de fabrication et occupait plus de 500 ouvriers. L’ensemble a été agrandi, modernisé et complété par une usine de fil dur ; il fabrique les pointes et clous en tous genres, les ronces artificielles et crampons, clous de chaussures, treillis, fils clairs, recuits, galvanisés ; fils durs pour câbles et pour bétons... En 1967, les « Forges de la Providence » ont elles-mêmes fusionné avec Cockerill-Ougrée, agrandissant encore le complexe industriel. L'usine Baudoux, lors de la dissolution du comptoir de vente, créa sa propre organisation commerciale axée principalement sur la grande exportation : 90 % de sa production totale est exportée vers tous les marchés mondiaux qui en reconnaissent la qualité. Elle transforme le fil machine en clair, recuit ou traité ; sa gamme de pointes est complète et comprend notamment les pointes à tête plate unie, à tête plate fraisée quadrillée, à tête ronde, à tête bombée, sans tête, à tête enfoncée, à tête large... Quant aux « Visseries et Tréfileries Réunies » (anciennement Sambre-Escaut) dont le siège social se trouve aujourd'hui à Machelen (Haren), elles produisent des articles de visserie, occupent une bonne centaine d'ouvriers et une dizaine d’employés. La clouterie Otlet a émigré à Gentbrugge et sa division de Fontaine-l'Évêque n'occupe plus que quelques ouvriers. L'extraction de la houille connut un destin spécial entre les années qui suivirent la libération du territoire et la période actuelle. De 1946 au l5 mars 1964, elle jouit d'une réelle activité ; la production pendant ces années fut, plus ou moins, de 4.537.100 tonnes soit 5.210.000 mètres cubes. Le nombre maximum d’ouvriers de cette période fut atteint en 1946 : en surface, 448 dont 407 belges, 29 étrangers et 12 prisonniers de guerre allemands ; au fond, 1128 dont 437 belges, 423 italiens et 268 prisonniers de guerre allemands, soit un total de l576 ouvriers. Des citoyens de nationalités différentes furent employés aux charbonnages de Fontaine-l'Évêque auxquels il faut naturellement ajouter les ouvriers belges. Ces nations étaient : la République fédérale allemande, la France, l’Italie , l’Algérie, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, le Maroc, les pays baltes, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Turquie, l'U. R. S. S., la Yougoslavie, l’Amérique et enfin quelques apatrides. Les bâtiments des A.M.S. qui occupent sur notre territoire 3500 mètres carrés semblaient partis pour une longue période d’activité lorsque le l5 mars 1964, pour des raisons économiques fort complexes, la fermeture fut définitivement ordonnée. Le personnel fut « recasé » ailleurs et la ville de Fontaine-l’Évêque perdit ainsi un revenu annuel (taxes sur les moteurs, sur le personnel occupé et impôt foncier) qui dépassait largement le million de francs. Aujourd'hui, une expérience-pilote qui consiste à capter le grisou et le revendre aux sociétés de distribution de gaz est en cours au « Pétria ». Les bâtiments, bien qu'inoccupés, sont toujours la propriété de la société et les Fontainois gardent l’espoir que, dans les années à venir, la division de Monceau pourra s'étendre sur notre ville et rendre vie à ce quartier ouvrier. |