LA GUERRE DE 1940-1945Retour au sommaireLe 1er septembre 1939, les armées hitlériennes envahirent la Pologne. Devant une menace qui se précisait de semaine en semaine, la Belgique mobilisa. De nombreux Fontainois durent quitter leur foyer pour rejoindre l'armée ; ce fut l'époque de la « drôle de guerre ». Malgré tout, l'optimisme était de rigueur ; le canal Albert d'une part. la ligne Maginot de l'autre, donnaient confiance à la population. Mais, le 10 mai 1940, les événements se précipitèrent. Toute la nuit, des escadrilles d'avions avaient survolé notre ciel ; le matin, la radio annonçait la guerre. Les Allemands étaient entrés en Belgique et, rapidement. nos soldats durent reculer devant une armée d'une supériorité écrasante. Le premier jour de la guerre, vers quatre heures de l'après-midi, un avion allemand poursuivi par deux chasseurs français déchargea cinq bombes au-dessus de notre ville ; la première tomba près du château Marcq, blessant à l'épaule Mme Van Nieuwenhove-Moralès qui habitait à proximité ; la seconde éclatant près de la Cité Chavée, souffla deux de ses petites habitations ; les trois autres s'enfoncèrent dans les prés en direction de Beaulieusart. Quelques jours après, un autre combat d’avions se déroula au même endroit. Les balles et les éclats de bombes tuèrent trois Fontainois : MM. Delchambre Albert, Coffa Antonio et Janicki Michel, aux environs de la rue de Beaulieusart. Sur la route de Charleroi, des troupes françaises passaient sans arrêt en direction du front tandis que des milliers d’habitants de l'est du pays traversaient notre cité traînant leurs bagages sur toutes sortes de véhicules. Petit à petit, un climat de panique se créait chez les habitants, climat savamment entretenu par l'aviation allemande. Dès les premiers jours de la guerre, la radio belge donna l’ordre aux jeunes de moins de 35 ans de rejoindre Ypres d'abord, la France ensuite, pour y être mobilisés. Tous ces éléments joints au souvenir des atrocités de 1914, décidèrent la grosse majorité des Fontainois à quitter leurs maisons et à prendre le chemin de l'exil. Ce fut l'évacuation.... Pendant que les Fontainois cherchaient refuge en France, un événement navrant se passait dans nos murs. Des espions allemands avaient été lâchés sur tout le pays ; les soldats français qui traversaient notre ville crurent reconnaître l’un d’eux au carrefour du Nouveau Philippe ; ils s’en emparèrent et le fusillèrent sur place ; il s’agissait d'un paisible citoyen Caulier Marc, dont les sentiments patriotiques ne pouvaient être mis en doute. Quand les Allemands entrèrent à Fontaine-l'Évêque, la ville était presque entièrement vidée de ses habitants. Pendant une nouvelle période de quatre ans, nous allions connaître l’occupation. Intoxiqués par la propagande nazie et grisés par l'avance rapide des troupes allemandes, quelques rexistes fontainois les accueillirent et les aidèrent à s’installer chez nous. Mieux vaut ne pas parler de ces traîtres. Les réfugiés rentrèrent au pays par petits groupes après quelques jours d’exode ou après quelques mois ; les uns n’avaient atteint que le Nord de la France, d’autres étaient allés jusqu’à Toulouse, Montpellier, plus loin encore. Quelques Fontainois parvinrent même à gagner l’Angleterre. Ils furent mobilisés ; ils y séjournèrent jusqu'à la fin de la guerre. Malheureusement, certains de nos concitoyens ne rentrèrent jamais au pays ; ils avaient péri sous les bombardements. Tel fut notamment le cas de Desmecht Ernest, Desmecht Georges, Desmecht Raymond, Clara Arthura, Lardinois Rose, Brasseur Léopold, Hecq Ghislain, Bertiaux Georges, Robbe Pélagie, Polain Jean-Pierre, Vanlerberghe Maurice. Quant à nos six cents mobilisés, beaucoup furent capturés par l’armée allemande tandis que Dubois Georges, Scailquin Oscar, Mouchet Jean et Warmont Arnould périssaient glorieusement. LE RATIONNEMENTSi certains soldats eurent la chance de rentrer chez eux, près de trois cents Fontainois connurent durant quatre ans les misères physiques et morales des camps de prisonniers de guerre. Comme dans tous les pays occupés, nos habitants furent soumis au ravitaillement ; tout s'achetait en petites quantités grâce aux timbres distribués régulièrement par les services communaux ; un bureau de ravitaillement avait d'ailleurs été ouvert dans une maison du bas de la place Emile Vandervelde. Supportable au début de la guerre, le rationnement allait devenir de plus en plus strict au fur et à mesure que la machine de guerre allemande s'essoufflait. A côté du marché régulier, insuffisant il faut bien le dire, pour nourrir décemment la population, un marché noir se développait dans tous les domaines ; on y trouvait des pommes de terre, du beurre, de la viande, du café et aussi des tissus, du cuir, du charbon. Ce commerce illicite permit à certains de s’enrichir pendant que les moins favorisés qui ne pouvaient s’y approvisionner, connaissaient la faim et le froid. Le 9 janvier 1941, dans la salle du Conseil communal fut créé le Comité de Secours d'Hiver. Il comprenait MM. Staumont Auguste, président, Dubois Michel et le Docteur Delforge, vice-présidents ; Lempereur Fortuné, secrétaire ; Polain Armand, trésorier ; Gilliard Maurice et Becquart Pierre, membres. Le Secours d'Hiver apporta une aide appréciable à la population et aux prisonniers de guerre : distributions de soupe et de repas aux indigents ; de vêtements, de linge, de charbon aux nécessiteux ; de colis aux prisonniers de guerre...... Les jeunes de la ville qui avaient la chance de ne pas connaître les camps de prisonniers ou de travail, se réunirent et formèrent un groupement destiné à recueillir de l'argent pour envoyer des colis aux prisonniers fontainois. Le comité était formé de MM. L. Bughin, vice-président, M. Romain, secrétaire ; Casterman M. et Scailquin M., trésoriers ; Parée J.A.S , régisseur artistique ; Devaux M., Ghislain G., Godessart R., Mandoux E., Vansteenlandt F., membres. Ils choisirent un aîné pour présider leur assemblée : M. Becquart Pierre, ancien combattant de 1914-1918. Grâce à leurs efforts et aux spectacles qu'ils mirent sur pied un soutien important fut accordé à nos prisonniers. Les autorités occupantes dès la première année de la guerre décidèrent la réquisition des métaux non-ferreux ; tout Fontainois qui possédaient des objets en cuivre dut les porter au bureau de ravitaillement. LE GRAND CHARLEROILe couvre-feu, fixé à 10 heures du soir, avait été instauré ; seuls les travailleurs obligés de rentrer chez eux après cette heure pouvaient circuler à condition de posséder un laisser-passer fourni par la Kommandantur. Afin de mieux contrôler 1es administrations communales. les Allemands créèrent en août 1942, le Grand-Charleroi qui réalisait la fusion de la plupart des communes de l’arrondissement en un grand centre sous la direction d'un collège rexiste tout dévoué à l’occupant. Fontaine-l’Évêque perdait pour quelques années son autonomie communale ; le Bourgmestre et le Conseil communal furent suspendus. Toute l’autorité passait aux mains des collaborateurs. Pendant toute la durée du Grand-Charleroi, aucune réalisation importante ne fut entreprise ; les bâtiments de la ville et la voirie étaient à peine entretenus et le personnel était payé sur le tarif des années 1940 alors que la vie avait terriblement augmenté. LA RÉSISTANCEHitler, ayant de plus en plus besoin d'hommes pour la poursuite de la guerre inventa le travail obligatoire ; des ouvriers d’abord, des employés et des étudiants ensuite furent convoqués à Charleroi dans les locaux de la Werbestel d'où ils recevaient un billet pour rejoindre les usines en territoire allemand. Certains Fontainois ne partirent jamais ; d'autres lors d'un congé, disparurent de la circulation et se cachèrent un peu partout. Ils devinrent des réfractaires qui devaient se sustenter sans timbre, ni ravitaillement. Pendant ce temps, plusieurs groupes de résistants s'étaient constitués secrètement à Fontaine-l'Évêque. Sous des appellations diverses, ils avaient de nombreux objectifs : aide en timbres, en argent, en nourriture, en vêtements aux réfractaires et aux prisonniers russes évadés ; sabotage de voies de communication ; liquidation des traîtres; hébergement et rapatriement d'aviateurs de la R. A. F. tombés sur notre territoire ; recherche de renseignements militaires à transmettre à Londres ; distribution de fausses cartes d’identité à tous ceux, Belges et Alliés, qui devaient se cacher... Un tender couché sur le pont du Ventaire
écroulé Les principaux chefs de ces mouvements étaient : Dewilde Sylvain et Huart Marc pour le Front de l’Indépendance; Derwiduée Arille pour le Mouvement National belge ; Lecocq Robert pour le Groupe G; Parée Joseph pour le Service Secret Socrate. Ces groupements rassemblaient environ deux cents résistants. Devant la force grandissante de la Résistance, les Allemands, décidèrent de passer aux représailles. On sabotait les voies de chemin de fer Les Allemands placèrent des otages belges dans les convois. Le docteur M. Denamur, M. Crucifix, Directeur de l'Ecole Moyenne de l'Etat ou garçons, M. Parée ]., Secrétaire communal, M. Duquesne M., Conducteur des travaux de la ville durent accompagner les trains d’Allemands sur diverses lignes. Pendant ce temps, d'autres habitants étaient incarcérés comme prisonniers politiques. Ce fut le cas de Devaux M. fils, de Meunier Camille, de Vanhoorde ]oseph, de Nocent Marcel, de Lemal Georges, de Desonbergh Joseph, de Mercier Oscar, de Daneau Jacques qui furent libérés au bout d'un certain temps. Ce fut aussi le cas de l'abbé Piérard, de Bontemps Désiré, de Devaux Marcel et de son épouse, de Bousingault Henri, de Mabille ]ean, de Delcourt Fernand qui, eux, y laissèrent leur vie. Pendant ces années tragiques, on apprit encore la mort de l'abbé F. Deflandre, de Brogniez Arthur et de Lequime Fernand dans les camps de prisonniers de guerre. L'abbé Deflandre, le jour de son ordination Dans la nuit du 18 août 1944, les rexistes enlevèrent Brogniez Charles, commissaire de police de la ville. On devait le retrouver, lâchement assassiné, le lendemain, parmi les victimes de la tuerie de Courcelles. Enfin, la libération de notre territoire arriva. Rue Despy - Septembre 1944 L'armée américaine sur la route de Mons Au carrefour du Pétria LA BATAILLE DU TERRILDurant les premiers jours de septembre 1944, la route de Mons à Charleroi vit passer des milliers de soldats allemands en débandade, essayant de regagner l'Allemagne le plus vite possible et par tous les moyens. Le 4 septembre, au début de l'après-midi, toute la population se pressait le long de la route pour applaudir et embrasser les premiers soldats américains ; des grappes humaines, juchées sur les blindés, accompagnaient les libérateurs pendant des kilomètres ; l'atmosphère de cette journée exceptionnelle est indescriptible. Cependant, elle allait être ternie par un tragique événement local. Un jeune major allemand retranché dans la forêt de Compiègne décida de continuer la lutte, sur le chemin du retour, avec quelques centaines de fanatiques. Ils voyageaient de nuit, pillant et incendiant sur leur passage. Ils arrivèrent chez nous, juste avant la libération et se réfugièrent sur le terril numéro 2, rue du Roton, entre la route de Mons et le quartier de 1a Queue du Vivier. Ce terril boisé était pour eux un abri sûr d'où ils dominaient les campagnes environnantes ; décelés par la Résistance locale, quelques dizaines d’Allemands furent cependant ramenés le 4 septembre. Le lendemain matin, une nouvelle expédition fut organisée dans les bosquets au pied du terril, qui permit de faire quelques nouveaux prisonniers. Au moment où ils se trouvaient en pleine vue, les Résistants entendirent des balles crépiter autour d’eux. Une véritable bataille s'engagea entre les Fontainois, à découvert dans les prairies de la rue du Roton et les Allemands, bien dissimulés dans la végétation du terril. Le combat eût pu durer longtemps encore si on n’avait pu amener sur place un tank américain qui força le major et une centaine de soldats à se rendre. À la nuit tombante, les résistants et un soldat américain restaient étendus, sans vie ; ils avaient nom : Argot M., Caudron R., Dewilde S., Dubois L., Dufour F., Hennebert G., Illau F., Jacmain J., Lempereur R., Léonard F., Schroeven L., Vermeersch A., Taffyn P., Willame R., Woué A. et Nason Harold. Harold Nason sur son lit de mort De petites croix de bois, fichées là où ces braves périrent et un monument en pierre bleue édifié à proximité, rappellent cet événement tragique aux jeunes générations. L'enterrement des victimes de la bataille du terril |