LA PHYSIONOMIE DE FONTAINE À LA FIN DU XIIIe SIÈCLE

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Lorsque, en 1272, mourut l'évêque Nicolas, troisième seigneur de Fontaine, la ville avait pris la forme qu'elle devait garder jusqu'au XIXe siècle. Le château était déjà flanqué de la chapelle que nous connaissons aujourd'hui ; le plan d'ensemble des constructions affectait la forme d’un carré défendu par 7 tours ; une d’elles, de forme carrée, le donjon se dressait à droite de la porte d’entrée.

La chapelle castrale

Des fortifications et des fossés larges et profonds protégeaient la ville ; les remparts (dont quelques vestiges existent encore aux boulevard du Nord et du Midi) avaient une longueur de 2.800 mètres. Ils suivaient à peu de chose près, les rues suivantes : boulevard du Nord, place des Ecoles (trieu des bois), rue de la Station, chemin de la Roquette, le gazomètre, l'usine Otlet, la rue J. Wauters, la rue du Parc l’Esplanade, le quartier latin, le boulevard du Midi, la rue de la Babelonne pour revenir au boulevard du Nord.

Ces fortifications étaient percées de cinq portes appelées :

·          Porte du Marteau

·          Porte de Leernes

·          Porte de Binche

·          porte de Nivelles

·          Porte de la Bouverie

Elles aboutissaient à la place communale qui connaissait déjà son marché et ses foires.

Ce marché était bien antérieur au XIIIe siècle. Il devait son origine au fait que, se situant à proximité du chemin de Liège à Cambrai fort fréquenté aux Xe et XIe siècles, il était un lieu d'échange pour les caravanes de marchands qui allaient de France en Allemagne et vice-versa. Au XIIIe siècle, les cultivateurs locaux et les vendeurs de clous se mêlèrent aux marchands ambulants. La ville fut d'ailleurs entourée de murailles pour la garantir contre les voleurs et les maraudeurs qui parcouraient le pays : ce n'est que plus tard que les remparts eurent une destination militaire.

C'est sans doute à cette époque que fut ouverte la première maison de ville ; elle se situait place communale, à proximité de la petite rue du marché, probablement à l'endroit où un café installé aujourd'hui porte comme enseigne « Aux Armes de Fontaine».

Aujourd'hui, le Bellino II

L'église St-Vaast existait en 1211 et s'appelait Chapelle de Boegnies. La preuve en est faite par un document de cette date signé à l'Abbaye d'Aulne par le seigneur Wauthier. Elle fut détruite, peut-être incendiée ; on la reconstruisit, mais ce ne fut qu'en 1785 qu'elle connut sa forme actuelle.

L'église St-Christophe fut érigée en 1245 et entourée d'un petit cimetière dont on voit encore le tracé de nos jours. St Christophe étant le patron des voyageurs, il est probable que l'Eglise dut son origine à sa situation près d'une voie de communication importante. Contrairement à ce que l'on croit généralement l'église St-Vaast est donc plus ancienne que la paroisse St-Christophe.

·          St-Christophe dépendait de l'évêché de Cambrai qui relevait de l’archevêché de Reims.

·          St-Vaast faisait partie du diocèse de Liège ressortissant de la principauté ecclésiastique de Cologne.

Les jours de jeûnes et d'abstinence n'étant pas toujours en concordance d'un diocèse à l'autre, il en résultait que les Fontainois n'avaient qu'à traverser la grand'rue, limite des deux paroisses pour faire gras chez les voisins d’en face, lorsqu'ils ne pouvaient le faire chez eux.

A l'intérieur de la ville fortifiée vivaient, en plus du seigneur et de ses gens, des bourgeois dont les principales occupations étaient le commerce, l’artisanat, les fonctions administratives et religieuses. Il existait même un atelier de sculpture réputé pour son travail « fin et délicat »; une statue en bois de cette époque peut encore être admirée aujourd’hui dans un musée de New-York.

Hors des murs, de petites fermes étaient disséminées dans la campagne. Les paysans y cultivaient l'avoine, l'épeautre, le froment, le lin ; ils pratiquaient l’élevage des bovidés, des porcs, des moutons. Des brasseries et des moulins étaient installés çà et là, spécialement le long de l'Ernelle.

Quant à l'industrie, elle consistait en la fabrication des clous à la main comme nous venons de le voir.