LA PÉRIODE FÉODALELES PREMIERS DOCUMENTSNous avons vu dans l'étude du nom, que le premier document écrit citant notre ville date de 868, époque où Fontaine faisait partie du vaste domaine agricole de l’Abbaye de Lobbes. Le second texte de 1162, est dû à Geoffroi, abbé de Clairvaux. Son ouvrage s'intitule L’Itinéraire de St Bernard en 1146 et commente le voyage que fit St Bernard de Liège à Cambrai. Il s'arrêta notamment à Fontaine, rendit la vue à un aveugle et guérit un jeune paralytique à l'entrée de la ville. Le chemin qu'il suivit sur notre territoire prit son nom ; il allait de la rue Luton à la Place Brogniez par un sentier presque parallèle à la rue du Parc actuelle, filait dans la ville par l'esplanade et s'arrêtait rue Louis Delattre à l'actuelle pharmacie des mutualistes. Sur la place Brogniez fut édifiée une chapelle en mémoire de ce miracle ; elle possédait un petit autel où se trouvait une statue en bois, on pouvait faire le tour de la chapelle qui possédait quelques sièges pour les fidèles ; on y célébrait annuellement une messe chantée le 20 août, jour de la fête du saint. Cette chapelle, aujourd'hui disparue, existait encore en 1886 et avait été restaurée en 1848 ; elle se situait exactement le long de la voirie actuelle sur la place et au niveau du chœur du temple évangélique. Autre document : par un acte de l'an 1154, Henri II, évêque de Liège, déclare que, pour l'utilité de son église, il a acquis plusieurs châteaux notamment celui de Fontaine. Or, le château actuel remonte au XIIIe siècle ; il faut donc en conclure qu'un autre château existait avant celui que nous connaissons encore de nos jours, sans doute bâti sur le même emplacement. Dans les archives de l'abbaye de Lobbes, une notification de l'année 1251 de Nicolas, évêque de Cambrai, seigneur de Fontaine-l’Évêque et haut-voué de Gilly, rappelle que la moitié, dans les houillères de Gilly et dans tout ce qui en provient, appartient de temps immémorial à l'abbaye de Lobbes, l'autre moitié lui appartenant. La permission d'ouvrir la terre dépend du seigneur à qui il revient un certain droit. LA CHARTE DE 1212Mais la pièce la plus importante du Moyen-âge reste la charte Wauthier de 1212. C'est une véritable constitution par laquelle Wauthier, deuxième seigneur de Fontaine, règle avec ses vassaux les droits seigneuriaux, les corvées et les rapports entre les bourgeois et lui. Par cette charte, ces derniers doivent reconnaître le seigneur et lui obéir, mais seulement après que celui-ci a fait le serment de sauvegarder leurs droits et privilèges. Cette constitution fut confirmée par Baudhuin de Hennin, douzième seigneur de Fontaine en 1422 et resta en vigueur jusqu'à la Révolution française. Elle assurait aux bourgeois de notre ville la liberté individuelle, le droit de propriété, le pouvoir d'hériter, l’exemption des charges serviles et des épreuves judiciaires, elle prévoyait encore la limitation du service militaire. LES AVANTAGES POUR LES FONTAINOISLes premiers seigneurs de Fontaine, installés dans leur château construit sur la roche et entouré de deux rivières, l'Ernelle et la Babelonne, étaient bien défendus contre l'extérieur. Les manants avaient bâti leur chaumière à l’abri des murailles du château et travaillaient durant la bonne saison, sur les terres du seigneur. L'hiver, le travail manquait ; aussi avaient-ils construit une modeste forge adossée à leur logis. Toute la famille travaillait : la mère et les enfants manœuvraient le soufflet pour entretenir le feu et chauffer le fer ; le père fabriquait à la main, des clous et des chaînes. Incapable de travailler et de vendre à la fois, l'ouvrier cloutier remettait son travail à un intermédiaire qui se chargeait de la vente. Cette pratique locale prit vite de l'extension, aussi fallut-il de plus en plus de matières premières. Trop pauvre pour posséder des stocks de fer, l'ouvrier cloutier s'en remit à l'intermédiaire qui devint rapidement le patron cloutier; il fournissait la matière, payait le travail de l’ouvrier et se chargeait d’écouler les produits finis. Entre le château et le peuple se créa ainsi une classe aisée de bourgeois qui prit de plus en plus d'importance. Ce sont eux qui parvinrent à arracher au seigneur la charte de 1212. Le seigneur avait besoin d’argent, les bourgeois lui en donnaient moyennant certains avantages. Dès ce moment, c'est parmi eux que le seigneur choisit ses magistrats ; ils formèrent bientôt l'autorité communale. Cette charte de 1212 reste donc le premier acte d’affranchissement de la commune vis-à-vis du seigneur.
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