L'ÉGLISEEglise Culte DîmesL'église
de Leernes, dédiée à Saint-Martin, date du XVe
siècle, mais
il ne reste de la construction
primitive que le
bas-côté droit, dans la muraille duquel le déplacement d'un lambris a fait découvrir
récemment une piscine représentée par le dessin ci-après et dont la cuvette
est percée d'un trou d'écoulement. Le
bas-côté gauche fut reconstruit en 1732, ainsi que l'atteste le millésime y
inscrit. La voûte du milieu semble être de la même époque. Quant au chœur,
il fut reconstruit par les soins de Bauduin Le Roy, qui fut curé de Leernes de
1610 à 1663 et la consécration de l’autel eut lieu le 30 juin 1617. A cette époque,
on construisit contre le côte gauche du chœur une annexe qui servit de tribune; sur le linteau de la porte extérieure de ce bâtiment, qui communique avec le
chœur par une voûte
en plein
cintre, on voit le millésime 162l, ainsi que les armoiries de la famille de la
Jonchière, consistant en un écu, entouré d'un cartouche, et portant une fasce
barrée de trois roues.
La
tour est très massive et très solide ; elle parait être la partie la plus
ancienne de l'église sous un cordon du revêtement extérieur du côte sud,
se voit le millésime 1590, époque à laquelle elle subit vraisemblablement des
modifications et des réparations. Malgré
son ancienneté, l'extérieur de l'église, construit entièrement en pierres, a
encore très bon aspect. La porte d'entrée gothique, abritée par un porche,
est remarquable, de même que son encadrement sculpté en pierre. Dans le
mur de façade du porche, à droite du portail, se trouve enchâssée une pierre
avec bas-relief, représentant le Christ en croix, accosté de la Vierge et de
saint Jean, sous lesquels sont agenouillées cinq personnes. Au bas de la
pierre, on lit l'inscription : Devat cest, est reposat le corps de Jeane
Adrien, en son temp espeuse à Valerin de Dapremy, laquelle trespassa le 17e
jour de septembre an 1578. Prie Dieu pour leurs âmes.
Les
colonnes intérieures de l'église sont en pierre et plusieurs fenêtres ont
conservé leurs meneaux. Dans
le chœur, au-dessus de la boiserie et de la porte de la sacristie, à droite,
se trouve une pierre sur laquelle est gravé un écu portant, sur champ de
gueules, un chevron d'or, accompagné, en chef, de deux étoiles à six rais
d'or, et, en pointe, de deux sceptres du même, en sautoir. Au-dessous de l'écu,
on lit : Cogita mori. Maistre Bavldvin le Roy pastevr
de Lerne, a faict érigé cest épitaphe en mémoire de fev Jean le Roy, son père,
qvi trespassa le 25 de novembre l'an 1615 et de Jenne delhaye, sa mère,
trespassée le 23 de janvier 1625. Priés Diev povr levrs ames. Et ledit pastevr
est décédé le 14 de febvrier 1663.
Une
seconde pierre, posée à gauche de celle de Le Roy, porte les armes de Denis de
la Jonchière. Le
mobilier de l'église comprend plusieurs pièces qui méritent d'être signalées,
entre autres, un calice en vermeil repoussé du XVIIe siècle, donné par Denis
de la Jonchière, dont il porte les armes. Sur la base de cet objet, sont représentés
quatre sujets de la passion; on voit sur le nœud du pédicule la sainte Vierge,
saint Joseph, saint Piat, saint Dominique; sur la coupe la Naissance et l'Agonie
du Seigneur, la Circoncision et la Cène. Il
y a lieu de signaler aussi un chandelier pascal d'environ un mètre de
hauteur, portant la date de 1767 et dont la tige à section carrée, ornée
d'enroulements, repose sur quatre pieds, ainsi que deux statues de saint Quirin
placées dans des niches, l'une à l'autel de Notre-Dame, l'autre à gauche du
chœur. L'église
de Leernes possède les reliques de saint Quirin, qui
font
l'objet, depuis plusieurs siècles, d'un pèlerinage pour obtenir la guérison
d'ulcères incurables, dit vulgairement
le mal de
Saint-Quirin. Il
existait autrefois à proximité de l'église, une fontaine dite de Saint-Quirin.
Elle appartenait à la communauté de Leernes et Wespes et était
vraisemblablement à l'usage des pèlerins. Saint
Ursmer, abbé de Lobbes, ayant fait bâtir, au VIIe siècle, sur le sommet de la
montagne voisine de l'abbaye, une église destinée à servir de sépulture pour
les moines et d'oratoire aux habitants du voisinage, y établit, sous la dépendance
du monastère, des clercs chargés de célébrer la messe, et auxquels il
attribua, pour leur subsistance, des biens et des bénéfices considérables,
entre autres les dîmes de Leernes et d'autres lieux, qui avaient été donnés
à l'abbaye par les rois francs. En
973, l'empereur Othon Il, en confirmant certains privilèges à l'abbaye de
Lobbes, ordonna que l'église bâtie sur la colline, serait affectée à perpétuité
à douze chanoines qui auraient, pour leur entretien, les biens situés à
Ressaix et à Waudrez, avec les églises de Thuin et de Leernes, sous la
direction de l'abbé. La donation de l'église de Leernes au chapitre de
Saint-Ursmer de Lobbes fut confirmée en 1069 par le chanoine Gillebert, avec
l'approbation de l'évêque de Cambrai, Lietbert. Par
une bulle adresse au doyen et aux chanoines de l'église de Saint-Ursmer, le
pape Alexandre III leur reconnut le droit de propriété sur les autels et les dîmes
de diverses paroisses, entre autres Lobbes, Thuin, Leernes, etc.
(1159-1181). Les
chanoines de Saint-Ursmer ayant été autorisés, par lettre du 19 mars 1409 de
l'évêque de Liège, à la demande de Guillaume de Bavière, à se fixer à
Binche, où ils s'étaient retirés, en 1408, pour se soustraire aux horreurs de
la guerre, conservèrent tous les revenus dont ils jouissaient à Lobbes : c'est
ainsi que le chapitre de Binche posséda l'autel et les dîmes de Leernes, avec
le droit de collation de la cure. La
cure de Leernes fut unie et incorporée au chapitre de Saint-Ursmer, pour
permettre d'entretenir les suppôts et les chantres qui aidaient les chanoines
dans la célébration du service divin. En
vertu de cette union, le chapitre, en qualité de curé primitif de Leernes,
nommait un prêtre chargé de desservir la cure pour trois ou six ans, et le présentait
à l'archevêque de Cambrai, qui lui donnait le droit de remplir tous les
devoirs attachés au soin des âmes. Dans
le principe, la cure, ou plutôt la vicairie de Leernes était amovible; le
chapitre en avait la libre disposition et le curé était tenu de se représenter
à lui, la veille de la Saint-Jean, à l'expiration du terme pour lequel il
avait été nommé, à l'effet d'être maintenu dans l'exercice de sa charge,
sous le bon plaisir des chanoines. Plus
tard, il fut décidé, par divers conciles, que les vicairies conférées par
les abbés et les chapitres, seraient perpétuelles et que les institués y
exerceraient la charge d'âmes avec les mêmes droits que les autres curés,
sans dépendance des autorités qui les avaient nommés et qui, bien qu'ayant
conservé le droit de nomination et de présentation, n'auraient plus aucun
titre par rapport au spirituel, sauf certains droits honorifiques. Le chapitre
de Binche ne l'entendit pas ainsi et, dans les actes de nomination et de présentation,
il continua d'insérer ses réserves au sujet de son droit de retrait de la
cure. C'est ainsi qu'en 1609, il refusa de renouveler la nomination d'Hippolyte
Lechien, prêtre, à
qui il avait
confié la « desservitude » de la cure de Leernes, pour six ans, à
partir de la
Saint-Jean 1603. Lechien,
qui se disait curé-vicaire perpétuel, ayant voulu se maintenir en cette qualité
contre le gré du chapitre, il en résulta des procès, tant devant le tribunal
civil que devant la juridiction spirituelle. Ayant été
mis en demeure de céder la place à son successeur, Bauduin Le Roy, nommé
par le chapitre, Lechien, à
qui l'archevêque
de Cambrai voulait donner raison, fit placer des fers, des verrous et des
serrures à l'église, pour empêcher le dit Le Roy de prendre possession de
la cure. Informé de
ces faits, le chapitre, qui avait eu recours au nonce et aux archiducs Albert et
Isabelle, délégua le chanoine Le Clercq pour installer le nouveau curé. S'étant
rendu à Leernes avec ce dernier, Le Clercq fit casser les serrures et les
verrous, à coups
de marteau, malgré la résistance de Lechien, qui avait requis la gendarmerie
de Fontaine-l’Évêque. Telle
était l'exaspération de Lechien, que le jour de la Saint-Jean, durant les
matines, il avait dévêtu le corps saint et enlevé tous les ornements servant
au service divin, pour que Le Roy ne pût faire son office. L'archevêque de
Cambrai mis au courant, par messager spécial, des faits graves posés par
Lechien, lui ordonna, à la demande du chapitre, de restituer les objets qu'il
avait emportés, ce qui fut fait. Bauduin
Leroy occupa la cure de Leernes pendant de longues années, soit que la qualité
de curé perpétuel lui fut reconnue, soit, plutôt, que possédant la confiance
du chapitre, son mandat fut renouvelé successivement à l'expiration de
chaque terme. Quoi
qu'il en soit, le chapitre ayant eu des difficultés, en 1677, avec Jean
Rennuit, prétendit que ce dernier n'avait jamais été et ne pouvait être que
vicaire amovible de la cure de Leernes, et qu'il se qualifiait curé sans droit
; il avait charge d'âmes, sans doute, mais il n'était néanmoins que simple
« desserviteur », et vicaire, comme il était déclaré dans les
lettres d'Albert et Isabelle du 17 janvier 1607. Cependant,
dans une consultation rédigée en 1782, par un avocat de Mons, au sujet de la
portion de dîme et des terres que le chapitre avait abandonnées au curé de
Leernes, et qu'il aurait voulu reprendre, à raison de la plus-value que ces
biens avaient acquise, en assignant une portion alimentaire au desservant, on
lit que les chanoines reconnaissaient que la vicairie n'était plus amovible,
comme du temps passé. Il
existait dans l'église paroissiale de Leernes une chapelle dédiée a
Saint-Nicolas, qui fut fondée par Jean dit « Bievene ». Cette
fondation fut approuvée le 13 octobre 1323, par Pierre, évêque de Cambrai. Le
fondateur avait doté la chapelle des biens et revenus suivants, savoir :
L'ensemble
de ces biens représentait, selon loyale estimation, 16 livres environ de
petits tournois, par an. Ces biens devaient, d'ailleurs, être dûment amortis,
conformément à la coutume locale selon laquelle chacun pouvait disposer
librement de ses biens pour des fondations pieuses ou autrement. L'évêque
de Cambrai réserva, pour lui et ses successeurs, la collation de la
chapellenie. La présentation appartenant au doyen et au chapitre de
Saint-Ursmer de Lobbes, dans le patronat desquels la chapellenie fut instituée. Le
chapelain devait être ordonné prêtre dans le délai d'un an après qu'il
avait été pourvu du bénéfice. Il devait célébrer la messe trois fois par
semaine. Le
2 janvier 1324 (n. st), Nicaise, abbé de Lobbes, accédant à la demande des
exécuteurs testamentaires de Johannes de Biévenne, amortit les biens affectés
par celui-ci à la fondation de la chapelle de Saint-Nicolas, En
compensation, chaque nouveau chapelain devait, dans le délai d'un mois après
le jour de son institution, payer à L'autel
de la chapelle de Saint-Nicolas étant directement opposé au maître-autel, le
célébrant et les assistants tournaient le dos à ce dernier. Comme depuis
longtemps, on avait cessé, pour ce motif, d'y dire la messe, les doyen et
chanoines de Saint-Ursmer, en qualité de chapelain, demandèrent en 1671, aux
vicaires-généraux du siège archiépiscopal de Cambrai, vacant, que le titre
du dit autel fut transporté au maître-autel où les messes seraient déchargées.
Leur demande fut accueillie par ordonnance du 4 mars 1671. D'après
le dénombrement des biens formé en avril 1787, par le chapitre de
Saint-Ursmer, à Binche, le bénéfice de Saint-Nicolas, à Leernes, possédait
17 bonniers, 3 quarterons de terres labourables, rapportant 145 florins 18
patards par année. Sur cette somme, le chapitre payait annuellement 49 florins
pour la décharge des messes réunies à ce bénéfice et pour les voyages du Récollet
chargé de dire ces messes. La
paroisse de Leernes s'étendait autrefois sur une partie du territoire de
Fontaine-l’Évêque. Wautier
de Fontaine, ayant obtenu du chapitre de Saint-Ursmer, à Lobbes, la création
de la paroisse de Boegnies, donna, par une charte de 1211, à l'abbaye de
Cambron, toute l'église - qui était, croit-on, une chapelle dédiée à Saint
Vaast - le patronat, les douaires, tous les biens appartenant à cette paroisse
avec toutes les grosses et menues dîmes y comprises, outre la petite part de dîmes
de Forchies-la-Marche. Cette
paroisse, qui ressortissait anciennement au diocèse de Liège, est mentionnée
dans le pouillé de 1558. En
1245, le seigneur de Fontaine, grâce à l'influence de son fils Nicolas,
archidiacre de Cambrai, à Valenciennes, fit démembrer de la paroisse de
Leernes, l'église de Saint-Christophe, qui n'était probablement qu'une
chapelle, et la fit ériger en paroisse. Comme
semblable érection ne pouvait se faire, sans pourvoir l'église d'une dot
suffisante pour assurer la subsistance du curé, l'entretien de l'édifice, le
luminaire, etc., Wautier de Fontaine, avec le consentement de sa femme et de son
fils Nicolas, précité qui fut plus tard évêque de Cambrai, donna, par acte
du mois d'avril 1245, à la nouvelle paroisse, 20 bonniers de terres, outre 12
autres bonniers, pendant le temps que le curé de Leernes, de l'époque, maître
Hugo, dont les droits acquis devaient être respectés, resterait en fonctions. D'après
l'acte d'autorisation d'érection de la nouvelle paroisse émanant du chapitre
de Saint-Ursmer à Lobbes et portant la date du 5 avril 1245, le seigneur de
Fontaine était tenu, à perpétuité, à la réparation de la grille du chœur,
à la fourniture des livres, ornements et calices, au paiement du droit de
visite par l'évêque ou l'archidiacre, et à la visite du doyen, ainsi que le
dit chapitre était obligé de le faire à Leernes; cet acte mentionne aussi
d'autres dispositions relatives à diverses charges, dîmes, etc. La
juridiction du curé de Saint-Christophe était non seulement bornée à
l'enceinte de Fontaine-l’Évêque, mais il conste de l'acte d'érection de
1245, que la partie de cette ville, composant la nouvelle paroisse et qui était
autrefois de celle de Leernes, ne pouvait s'étendre au-delà des murs, sans préjudice
aux droits du chapitre de Saint-Ursmer. En
vertu du décret du 16 octobre 1803, qui érigea l'église de Saint-Christophe
en doyenné, la circonscription de la paroisse rétablie s'étendit, outre la
partie urbaine, sur la rive gauche du ruisseau de la Bablonne, au-delà du rempart,
jusqu'aux limites de la juridiction de Fontaine-l’évêque, vers Leernes.
suivit ces limites jusqu'au sentier du bois de la Charbonnière et le dit
sentier jusqu'à la porte du Marteau. Quant
à la paroisse de Boegnies, elle comprenait, en 1533, une partie de la ville et
s'étendait « un peu par-delà la porte Le
décret de 1803, qui érigea en succursale l'église de Saint-Vaast (intra
muros), lui assigna pour circonscription une partie de la ville et, au-delà du
rempart, le territoire situé sur la rive droite du ruisseau dit de la Bablonne,
jusqu'aux limites de la juridiction de Fontaine-l’Évêque et, en suivant ces
limites, jusqu'au sentier du bois de la Charbonnière, allant à la porte du
Marteau. Dans
cette ligne de démarcation se trouvaient plusieurs maisons qui avaient dépendu
jusqu'alors de la paroisse de Leernes, mais comme elles faisaient partie de la
commune de Fontaine-l’Évêque, elles furent rattachées, par le même décret,
à la succursale de Saint-Vaast. A
part les « dîmages » appartenant à la chapelle de Saint-Jean en l'église
de Saint-Christophe, et à l'abbaye de Cambron, le chapitre de Saint-Ursmer à
Binche, prélevait la grosse dîme, consistant en l'onzième gerbe, sur tout le
territoire de l'ancienne paroisse de Leernes, tel qu'il se composait avant
la séparation des communes de Leernes et de Fontaine et l'érection des
paroisses de Saint-Vaast et de Saint-Christophe. Une
partie de la dîme avait été attribuée au curé de Saint-Christophe. Elle se
prélevait sur quelques terres situées entre Baillissart et le « dismage »
de la chapelle de Saint-Jean ; le curé de Saint-Christophe levait aussi tous
les fruits et les poules sur un bonnier et demi de jardin, situé sur les Meits,
où il y avait une maison, alors que le chapitre de Binche levait le foin. Des
démêlés ayant surgi entre le curé de Saint-Christophe et le Chapitre de
Binche, une sentence provisionnelle fut rendue en faveur de ce dernier, qui
demeura en paisible jouissance des parties contentieuses, moyennant de donner au
dit curé, pour sa part et portion le neuvième des quatre espèces de grains,
consistant en blé, épeautre, avoine et pois. La
répartition des dîmes de Leernes se faisait de la manière suivante quand
tout était rentré dans la grange, on remettait aux batteurs ainsi qu'aux
voituriers et aux « cacheurs », leurs salaires en grains, en argent,
en paille ou en fourrage. Le curé de Leernes avait alors, pour sa portion et
son gros, le cinquième de tous les grains, « foeuvres », pailles et
« estraints », le curé de St-Christophe à Fontaine, le neuvième
du blé, de l'épeautre, de l'avoine et des pois, le curé ou le clerc de
Forchies, un muid de blé et un muid d'avoine. Le reste revenait au chapitre de
Saint-Ursmer à Binche ou à ses fermiers. Toutefois, le curé de Leernes
pouvait, s'il le voulait, prendre aux champs, sa part consistant en la cinquième
gerbe de tous grains sur tout le « dismage » et la cinquième
« partie des foeuvres » venant à la grange à Leerne, de tous les
prets entour de Leernes, dehors le pretz allant par-delà Fontaine, qui vont à
la disme de Fontaine et les prets vers Wespes et par-delà, jusqu'à Sambre, qui
vont à la disme de Wespe ». On
voit aussi qu'indépendamment du cinquième de toute la grosse dîme de Leernes,
le curé avait encore le tiers, en tout et partout, de la menue dîme, des
rapports d'autel, des offrandes et des oblations, ainsi que des laines et des
agneaux. Au sujet des remessiages - (relevailles), la coutume était de donner
au curé, seul, une chandelle de six deniers et six deniers pour « offertoire »;
de chacun des mariés et mariées, il devait avoir trois deniers d'offertoire. Les
mambours de l'église livraient seulement une chandelle, dans le chœur,
devant le Saint Sacrement de l'Autel, et une lampe qui était allumée à leurs
frais, pendant l'office. Ils
livraient aussi à Noël, une chandelle de cire qui était allumée sur l'autel
à la messe in galli cantu et à la messe in aurora, et dont le
reste appartenait au curé seul. Quant aux
offrandes des trépassés de l'année, elles demeuraient au curé seul, quand
il « étoit appointé à l'argent » mais quand on
les
faisait à l'autel, le curé n'en avait que le tiers. Un
cartulaire formé en 1670, indique par lieux-dits, les limites des « dimages »
de Leernes, qui s'étendaient jusqu'aux murs de la ville de Fontaine-l’Évêque
et celles des « dimages » de la chapelle de Saint-Jean et de
l'abbaye de Cambron. Il
ne peut être question de publier ce cartulaire ; mais comme il nous renseigne,
notamment, sur la topographie du pays à cette époque, on en trouvera ci-après
quelques extraits qui pourront intéresser le lecteur. La
dîme de Leernes commençait au cellier de Fontaine, appelé le Tocquet, d'où
« procédaient » les fontaines de la ville, et qui servait de séparation
entre les « dimages » de Leernes et de la chapelle castrale de
Saint-Jean en l'église de Saint-Christophe à Fontaine-l’Évêque. Le
« dismage » de la chapelle de Saint-Jean était compris dans
l'enclos déterminé par les limites ci dessous indiquées prenant du dit
cellier, à ligne droite au travers du jardin du même cellier, appartenant à
demoiselle Anne de Lattre, de Thuin, allant droit parmi la fontaine à Chardons
et de là à une borne qui est sur le bord de la fontaine à la Cressonnière,
la limite retournait, à équerre, droit à la Verte Borne, qui était dans la
haie du jardin de la Foeullie, plantée auprès d'un hêtre, présentement mort,
et qui, de tout temps, a servi de séparation entre les deux « dimages ». De
cette borne, la limite allait droit au bois de la Foeuillie, tout au long de la
haie de la Foeuillie, jusqu'au chemin qui entrait dans ce bois, et descendait
ensuite entre les terres du baron de Fontaine et les deux bonniers Philippe
Martin, qui étaient autrefois communes appelées le Trieu-Carlier, jusqu'a
quatorze appas prés du coin de la haie du pré nommé le Trou des Gades ; et de
là allait, entre le dit Trou des Gades et le Trieu-Carlier, jusqu'au Touquet,
dit le cellier, précité. Entre
le « dismage » de la chapelle de Saint-Jean et Baillissart,
existaient plusieurs parties dont la possession fut contestée à l'église de
Saint-Christophe et qui, comme nous l'avons vu, furent attribuées au chapitre
de Saint-Ursmer, par une sentence provisionnelle suivie d'un accord entre les
intéressés Au-delà
de la haie dans laquelle était plantée la Verte Borne, il existait une partie,
dite la Feuillie, appartenant au baron de Fontaine, consistant en 25 bonniers de
terres, ou environ, et 5 bonniers de trieu, faisant le tout, y compris
l'Ermitage, environ 30 bonniers, qui s'étendaient depuis la dite haie jusqu'au
terroir d'Anderlues. Ces parties étaient du « dismage » de Leernes,
comme aussi celles de la couture de la Foeuillie - 38 parcelles - des prés de
la Cressonnière - 28 parcelles - et celles comprises dans le lieu-dit les
Bois plantés, délimité par un bonnier et demi de bois, présentement essarté
par le baron de Fontaine, tenant au chemin de Fontaine, à Binche, vis-à-vis de
l'Ermitage de la Foeuillie, au chemin allant au Chêne Collart, au pré
Lalloyau, jugement d'Anderlues, aussi au dit bois, descendant au Buironpont, où
il y avait deux viviers appartenant au baron de Fontaine, et revenant, selon le
jugement d'Anderlues, en arrière de Fontaine, au-delà du bois de la Marche,
suivant le chemin de l'Alloène (?) et le dit bois de la Marche jusqu'au chemin
de Piéton, d'où la limite suivait le bois derrière Henrichamps en allant vers
Fontaine, jusqu’au pré Sire Gérard et au courtil. Tout ce qui était compris
dans ce circuit et s'étendait en dehors des murs de Fontaine, jusqu'à la porte
de Leernes, au chemin de Fontaine à Marchienne-au-Pont et au-devant du pont del
Val, appartenait à la grosse dîme de Leernes, de même que la couture du Chêne
Collart contenant 21 bonniers de terres (non compris les jardins) la couture de
la voie de l'Allue - 58 parcelles, - les prés de Loison - 14 parcelles, - les
10 pièces de terres labourables entre les « paschis » les 12 paschys
et prairies, les 8 terres, vis-à-vis de la chapelle de Notre-Dame de Bonne-Espérance,
qu'on disait sur le Bouve, et les 6 1/2 bonniers, en deux parties, de pâturages
et « paschys » du Chêne Collart. La
dîme de Leernes se percevait aussi sur la couture de Villers, qui s'étendait
depuis le fossé de la couture de la porte de Binche, tout le long du chemin de
Fontaine au Chêne Collart et à Piéton ; de ce chemin, la limite suivait le
bois de la Marche en descendant le long des pres de la Corde, jusqu'au chemin de
la Marche et jusqu a Henrichamps, d'où elle revenait, le long du fossé précité,
de la couture de la porte de Binche jusqu'au chemin de Piéton. Tout
ce qui était compris dans les limites ci-dessus désignées de la couture de
Villers, devait la dîme au chapitre de Saint-Ursmer, sauf que sur le haut de
cette couture, il existait un « dismage » particulier appartenant à
l'abbaye de Cambron et qui était délimité par une ligne droite allant de la
cheminée de la vieille maison de Henrichamps au clocher de l'Ermitage de la
Foeuillie; au point où cette ligne rencontrait le chemin de Piéton, la limite
suivait ce chemin jusqu'à la séparation entre la terre Martin le Clercqz,
contenant quatre journels, et celle de la terre des héritiers Rolland Gressier,
de Trazegnies, et, continuant cette séparation, entre le dit Rolland Gressier
et les quatre journels de Saint-Nicolas de Fontaine, entre la terre François
Genefiefve, les huit journels de Henrichamps et les deux bonniers de la cure de
Boegnies, entre les quatre journels de la dite cure et le bonnier Hubert Scarmur
et, enfin, entre les quatre journels du sieur Lerond et le bonnier du sieur
Blavier. Au bout de ces deux dernières terres, se trouvait une borne à partir
de laquelle la limite se dirigeait, en ligne droite, vers le toucquet et coin
du « pachys » de Henrichamps, nommé le « pachys à bouzins »,
d'où elle revenait tout le long de la haie du dit jardin? et des haies de la
carrière jusqu'au coin d'en haut, sur les terres labourables; du dit coin, en
descendant quinze appas sur la terre de Henrichamps, on rejoignait l'alignement
déterminé par la cheminée de la vieille maison de Henrichamps et le clocher
de l'Ermitage de la Feuillée, dont il vient d'être question. Les
lieux-dits ci-après appartenaient aussi à la dîme de Leernes : les prés de
la Corde - 6 parcelles -, la couture de la porte de Binche
- 22 parcelles - la couture appelée les communes de Fontaine - 4
parcelles - la couture au-dessus de la Belle-Fontaine - 10 parcelles -, les
pachys de la Belle-Fontaine et Henrichamps, terres et prairies - 11 parcelles. La
chapelle castrale de Saint-Jean, à Fontaine-l’Évêque, possédait encore une
partie de dîme, située hors du clos de la ville, et dont la limite, partant de
la porte de la Bouverie, s'étendait selon le dessous du chemin de Henrichamps
jusqu'au ruisseau descendant du bois de la Marche, suivait ce ruisseau jusqu'au
dit bois, qu'elle longeait, en retournant, jusqu'au chemin de Trazegnies à
Fontaine, et suivait ce chemin jusqu'à la vieille porte de la vieille muraille
de la ville. Ce
qui était compris entre ces limites, était du dismage de la chapelle
Saint-Jean, excepté deux bonniers de terre en une pièce à Martin le Clercqz
et à la veuve Antoine Potteau, un demi-bonnier de pachys à Guillaume Lambert
et deux journels de pachys, à la veuve Jean Plechenier, le tout venant des
communes. Le
chapitre de Saint-Ursmer levait aussi la dîme sur les Perseaux, qui étaient
des jardins s'étendant entre le chemin de Trazegnies et la Gringotte, et sur
les Meits, dont la limite commençait à la porte de Nivelles, à Fontaine,
suivait le chemin de Trazegnies jusqu'au jardin Henry Leschevin, d'où elle
retournait, le long du bois de la Marche, jusqu'à la justice Hennepen ( ?)
et, en comprenant le bois de Fontaine, tout le long des communes de Forchies,
qui traversaient le dit bois, descendait jusqu'au Sarty Jean Darmy ; de là,
elle suivait la séparation du « dismage » de Cambron, continuait
jusqu'à la terre – ci-devant jardin - appartenant à la cure de
Saint-Christophe, - dismage de Leernes - allait droit à la Gringotte et de là,
en descendant, continuait jusqu'à la porte du Marteau. Il
est à remarquer que le curé de Leernes levait la dîme sur trois parties situées
à la porte du Marteau, l'une, dite la Foussière. contenant un bonnier et demi,
appartenant au baron de Fontaine, joignant à la dite porte, l'autre, contenant
un demi-bonnier à Hubert Parent, tenant à la commune, dite les Saultz et à
la Foucière, et la troisième, un demi-bonnier, à Guillaume Martelle. A
la dîme de Leernes appartenaient aussi la Gringotte, la couture de Petreau,
commençant à Baillissart, les courtils et jardins de Montplaisir, au Trou de
la Bablonde, tenant aux murs de la ville, prés de la porte de Leernes, la
couture des Marquaises, les jardins et les prés de Baillissart et la couture,
à la chapelle Saint-Bernard, qui s'étendait entre le chemin de Marchienne et
celui de Leernes. Dans
cette dernière couture, l'abbaye de Cambrai levait la dîme sur six parties de
terre. Elle levait aussi la moitié de la dîme sur un demi-bonnier appartenant
à Hubert Hannecart et une partie de la dîme sur un autre demi-bonnier, appelé
la Haute-Borne, tenant au précédent et appartenant aux hoirs Ghobert
Fleschier, le reste de ces deux parties appartenant à la dîme de Leernes. Les
pages suivantes du cartulaire concernent la campagne de Leernes, qui s'étendait
du pont à-le-Val, au jugement de Landelies, au trou d'Alne, au welz à Hourbes,
au tournant de la Sambre et suivait les bois de Fontaine et de Leernes jusqu'à
la limite des jugements de Fontaine et d'Anderlues, et dont la dîme appartenait
au chapitre de Saint-Ursmer à Binche. Dans un état de ses biens, formé au XVIIIe siècle, le chapitre de Saint-Ursmer évalua à un septième la part dans la dîme de Leernes revenant au curé de Saint-Christophe et à celui de Forchies ; il lui restait ainsi six septièmes sur lesquels le curé de Leernes recevait un cinquième. La grosse dîme de Leernes rapporta en 1792, au dit chapitre, la somme de 3335 livres. |